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L’IA nous aide à prendre mieux soin du patient et du système

Au-delà des soins aux patients, l’intelligence artificielle peut également contribuer à améliorer l’ensemble du système des soins de santé. MedTech Europe a chargé Deloitte, d’une part d’étudier la manière dont l’IA peut nous aider à relever les grands défis systémiques et, d’autre part, de déterminer ce dont nous avons besoin pour tenir efficacement ces promesses.

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Steven Vandeput
April 8, 2024
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5 min leestijd

Si l’intelligence artificielle (IA) et son impact potentiel sur notre société suscitent la curiosité du grand public depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, le sujet occupe les initiés depuis bien plus longtemps, notamment dans le domaine des soins de santé.

Déjà en 2020, MedTech Europe, la fédération européenne de l’industrie des technologies médicales, et le cabinet de conseil Deloitte ont uni leurs forces pour identifier l’importance et le potentiel de l’IA au niveau des soins de santé. Cette collaboration s’est soldée par un rapport intitulé « The socio-economic impact of AI in healthcare : addressing barriers to adoption for new healthcare technologies in Europe ».

(lisez la suite sous l'infographie)

Deloitte MTE

Le rapport a beau dater de plusieurs années, sa lecture reste recommandée à tout qui se préoccupe de l’avenir des soins de santé. Vous trouverez ci-dessous le résumé de quelques-unes des principales conclusions.

Du début à la fin du parcours patient

On peut déployer des applications d’IA à chaque étape du parcours patient : de la prévention au traitement, en passant par la détection précoce et le diagnostic.

Le rapport distingue huit types de catégories : les dispositifs portables, l’imagerie, les applications de laboratoire, la surveillance physiologique, les real-world data, l’assistance virtuelle, les apps personnalisées et la robotique. Tous ces aspects interviennent à un ou plusieurs stades du parcours patient.

Trois indicateurs

Pour déterminer l’impact sociétal potentiel de chacune des huit catégories, le rapport « quantifie » leurs retombées socio-économiques à l’aide de trois indicateurs : le nombre de vies sauvées grâce à l’IA (résultats en matière de santé), les ressources financières libérées grâce à l’IA et le temps que l’IA fait gagner aux prestataires de soins.

Jusqu'à 403.000 vies sauvées par an

D’après les calculs effectués par Deloitte en 2020, l’utilisation de l’IA dans les soins de santé pourrait permettre de sauver de 380 000 à 403 000 vies par an dans l’UE, soit l’équivalent de la population d’une ville européenne de taille moyenne. Un chiffre susceptible d’augmenter à mesure que les solutions d’IA s’amélioreront...

  • La plus grande contribution vient des dispositifs d’IA portables, avec un nombre de vies sauvées évalué entre 298 000 et 313 000 par an.
  • Les applications d’IA pour la télésurveillance pourraient sauver de 39 000 à 42 000 vies par an.
  • L’imagerie assistée par l’IA permettrait de sauver de 36 000 à 41 000 vies par an.

Jusqu'à 212,4 milliards d’euros épargnés par an

Toujours selon Deloitte, le recours à l’IA dans les soins de santé pourrait permettre d’économiser entre 170,9 et 212,4 milliards d’euros de dépenses par an dans l’UE. Cette économie comprend le « coût d’opportunité du temps des prestataires de soins » : les médecins pourront voir plus de patients, car ils devront passer moins de temps à remplir les dossiers des patients.

Pour mettre ce chiffre en perspective : 200 milliards d’euros représentaient environ 12 % du total des dépenses de santé de l’UE en 2018.

  • Là encore, ce sont les dispositifs portables qui présentent le plus grand potentiel d’économie, à savoir de 45,6 à 50,6 milliards d’euros par an.
  • Les outils de surveillance basés sur l’IA pourraient permettre d’économiser de 43,6 à 45,7 milliards d’euros par an.
  • Les modèles d’IA qui extraient des informations à partir de real-world data pourraient générer entre 14 et 38 milliards d’euros par an.

Jusqu'à 1,94 miljard d'heures libérées par an

Enfin, les applications d’IA ont le potentiel de libérer entre 1,659 et 1,944 milliard d’heures par an pour les prestataires de soins, ce qui représente environ 500 000 soignants supplémentaires à temps plein. Il s’agit de temps gagné par les soignants parce que le recours à l’IA accélère certaines tâches. Un temps qui peut alors être consacré à des activités de soins de plus grande valeur.

  • À ce niveau, c’est dans le domaine des soins de santé virtuels que les applications d’IA apportent la plus grande contribution. Au total, elles peuvent faire gagner entre 961,1 millions et 1,154 milliard d’heures par an.
  • La robotique pourrait permettre d’économiser entre 330,8 et 367,5 millions d’heures par an.
  • Les dispositifs portables pourraient libérer de 301,6 à 336,1 millions d’heures.

Lever les obstacles  

Il reste néanmoins des obstacles majeurs à surmonter si nous voulons exploiter efficacement l’énorme potentiel de l’IA au profit des patients, des prestataires de soins de santé et des gouvernements. Le rapport pointe quatre domaines qui méritent une attention particulière de la part des décideurs politiques et des autres acteurs de la santé.

  • Données : les données sont pour ainsi dire le carburant de l’IA. Or un bon carburant doit être propre. Pour entraîner des applications d’IA efficaces et fiables, nous devons investir dans la qualité des données, la facilité à les trouver, l’interopérabilité, la réutilisation, la protection de la vie privée, la cybersécurité…

  • Législation et réglementation : l’IA évolue à toute vitesse dans le secteur de la santé, ce qui pose d’importants défis en termes de législation et de réglementation. Nous avons besoin d’un cadre qui garantisse une utilisation correcte et sûre des applications d’IA tout en stimulant l’innovation et la concurrence.

  • Organisation et financement : pour soutenir l’évolution de l’IA et de la numérisation dans les soins de santé, des investissements massifs s’imposent dans plusieurs domaines : la technologie, l’infrastructure, l’adaptation des trajets de soins, les compétences et la formation, le passage des soins réactifs aux soins proactifs, le renouvellement des modèles de financement des soins…

  • Société : l’utilisation de l’IA dépend de la confiance des utilisateurs, que ce soit les patients ou les prestataires de soins. D’où l’importance d’une communication claire et transparente, de même qu’une bonne gouvernance et une collaboration entre tous les intervenants. Last but not least, le patient doit jouer un rôle actif dans l’évolution de l’IA.
  • Cliquez ICI pour le rapport intégral « The socio-economic impact of AI in healthcare: addressing barriers to adoption for new healthcare technologies in Europe »
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