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Les patients de l’UZA mesurent eux-mêmes leurs paramètres vitaux

Avant leur consultation ou leur traitement, certains patients de l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA) mesurent eux-mêmes leurs paramètres vitaux, leur poids et leur taille. Pour ce faire, ils utilisent le kiosque d’autotest de BeWell Innovations. Les résultats sont enregistrés dans le Dossier Patient Informatisé et les patients en reçoivent une copie papier.

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Steven Vandeput
January 11, 2024
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« C’est un signal fort, qui active les patients », se réjouit le directeur médical, le Prof. Dr Guy Hans. L’UZA compte neuf kiosques du genre à ce jour. « Il y en a dans les salles d’attente et près des ascenseurs ainsi qu’aux pôles de services », explique Guy Hans, qui, en plus d’être médecin en chef, est également anesthésiste et coordinateur de la clinique de la douleur.

« Après s’être enregistrés, les patients se rendent à un kiosque pour y mesurer différents paramètres : la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène, la tension, la taille et le poids. Ils répondent à des questions destinées à évaluer leur douleur et leur risque de chute. Nous leur demandons aussi s’ils ont eu de la fièvre récemment. Ce système nous permet d’identifier les patients qui présentent des infections respiratoires contagieuses. »

Lien avec le DPI

Les mesures et les questions ne prennent que quelques minutes. Toutes les données sont automatiquement transférées dans le Dossier Patient Informatisé (DPI) et le patient reçoit une copie papier.

« Cette fiche a toute son importance », explique Guy Hans. « J’assure moi-même des consultations et les patients arrivent avec ce document imprimé. “Docteur, la dernière fois, vous m’avez dit de faire plus d’exercice et de perdre du poids. Regardez : j’ai réussi.” Les patients se mettent à gérer activement leurs données de santé. Les soignants peuvent, quant à eux, parler des tendances. »

« Les infirmières gagnent du temps, car elles ne doivent plus prendre les paramètres de base. Il en va de même pour les questionnaires. Les kiosques sont reliés à notre système numérique de suivi à domicile. Un patient qui devait remplir un questionnaire chez lui, mais qui ne l’a pas encore fait, y répond au kiosque. »

Patient empowerment sur le terrain

Comment réagissent les patients ? Guy Hans : « La plupart d’entre eux voient comme un atout le fait de pouvoir faire quelque chose eux-mêmes et d’obtenir les résultats instantanément. L’écran leur indique ce qu’ils doivent faire, étape par étape. Les patients s’en sortent généralement sans problème. À un stade ultérieur, ils pourront s’enregistrer directement au kiosque. »

Selon le directeur médical, l’un des principaux avantages réside dans l’activation et la responsabilisation des patients. La fameuse patient empowerment, dont on parle si souvent.

« Les patients voient les résultats comme des informations objectives qu’ils peuvent utiliser. Ce n’est pas la même chose que d’entendre un professionnel de la santé leur dire que leur tension est trop élevée ou trop basse. »

« Les patients n’ont pas d’autre choix que de regarder la réalité en face. Les résultats les poussent à agir pour remédier à la situation. »

« Ils emportent la fiche chez eux et chez leur généraliste. Ils n’ont pas d’autre choix que de regarder la réalité en face. Si les résultats ne sont pas bons ou s’ils partent subitement dans la mauvaise direction, les patients se rendent compte qu’ils doivent réagir. La consultation revêt alors aussi un caractère préventif, à condition que le médecin montre clairement qu’il tient compte des résultats. Le patient sait, dans ce cas, qu’il fait l’objet d’un suivi permanent. »

Les mesures prises par le patient sont-elles fiables ? Guy Hans : « Les appareils sont étalonnés en permanence. Il arrive, certes, qu’une mesure ne soit pas parfaite, mais c’est la tendance qui compte. Elle ne ment pas. »

Une combinaison efficace

Guy Hans ne voit pas seulement des débouchés dans les hôpitaux. « Le kiosque d’autotest peut apporter une valeur ajoutée partout où l’on reçoit un feed-back immédiat de la part d’un prestataire de soins de santé : chez le généraliste, à la pharmacie… La combinaison de chiffres objectifs et de conseils professionnels est particulièrement efficace. »

« Le gain vient du temps libéré par les soignants. Ils peuvent le consacrer aux soins proprement dits. »

« Les kiosques de première génération étaient plutôt encombrants et peu confortables. Les nouveaux sont plus compacts et plus ergonomiques. Leur prix ? Plus de dix mille euros par kiosque. Le gain vient du temps libéré par les soignants. Ils peuvent le consacrer aux soins proprement dits. »

Intégration dans le trajet de soins

« Un kiosque comme celui-là ne doit pas être isolé, mais doit être intégré aux soins transmuraux », souligne le Prof. Dr Guys Hans.

« Le trajet de soins commence dès la prise de rendez-vous : questionnaires, paramètres, suivi… À domicile, en première ligne et à l’hôpital. Il est entièrement numérique, sans paperasserie. Tout est dans le DPI, que le patient peut consulter sur notre portail UZA@home via l’app ou un PC. »

Impact

« L’impact d’une utilisation à grande échelle sera énorme : les problèmes de santé seront détectés beaucoup plus vite. Je conseille toujours à mes patients d’arrêter de fumer. Je peux désormais baser ce conseil sur un chiffre qu’ils ont eux-mêmes mesuré : regardez, votre saturation en oxygène augmente. Et ça fonctionne. »

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Pas (encore) pour tous les patients

Qu’en est-il des patients qui se méfient de la technologie ? Ou de ceux qui préfèrent qu’un être humain prenne leurs paramètres ?

« Nous ne voulons pas forcer la main », précise le Prof. Dr Hans. « Nous estimons que le kiosque est indispensable dans le cadre de certains processus de soins, car son utilisation accélère et optimise le travail. Ces patients sont invités à se rendre à un kiosque à leur arrivée. D’autres peuvent y passer, sans obligation. Tout se fait naturellement. »

Les médecins sont-ils tous convaincus ? « Certains craignaient un impact sur le flux dans l’hôpital. Il faut qu’il y ait suffisamment de kiosques et qu’ils soient correctement répartis pour qu’il n’y ait pas files d’attente. »

« Nous avons commencé dans deux services, ceux qui y croyaient le plus. Aujourd’hui, les services réclament spontanément l’appareil. »

« Nous avons d’abord installé deux kiosques dans les services qui y croyaient le plus. C’est comme ça que tout a commencé. Aujourd’hui, les services réclament spontanément l’appareil quand ils rénovent leur salle d’attente. Le kiosque n’est pas une pièce séparée, mais un coin isolé, ce qui procure un sentiment d’intimité aux patients. »

Et le gouvernement ? « Il observe avec grand intérêt la manière dont nous numérisons les trajets de soins, mais les prochaines étapes ne sont pas encore au programme », répond Guy Hans. « Ces innovations démontrent pourtant leur valeur ajoutée sur le terrain. Elles s’inscrivent parfaitement dans notre rôle social en matière de prévention et de bien-être. »

Pour en savoir plus sur le kiosque d’autotest de BeWell Innovations, cliquez ICI.