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Digital MedTech

Politique en matière de digital medtech : du « non » a priori au « oui » ?

Disons a priori « oui » aux technologies médicales numériques utiles et voyons ensuite comment les intégrer. Plutôt que de toujours supposer un « non » et de perpétuer ainsi le statu quo. C’est l’appel que lance Hans Danneels (Byteflies) aux décideurs politiques du secteur belge des soins de santé. « Il est vrai que nous avons fait des progrès dans les politiques relatives aux technologies médicales numériques au cours des derniers mois. Mais pendant que nous avançons à petits pas, les autres pays se précipitent à pas de géants ».

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Steven Vandeput
November 24, 2023
 • 
5 min leestijd

L’INAMI a récemment introduit une nouvelle procédure destinée à booster l’adoption des solutions de santé numériques en Belgique. Cette nouvelle approche marque un pas dans la bonne direction et illustre la volonté du gouvernement fédéral de stimuler l’innovation (numérique) dans le secteur des soins de santé.

Je reste néanmoins préoccupé, en tant que citoyen belge et entrepreneur.

Notre pays prend, certes, des mesures positives, mais si on va voir au-delà de nos frontières, on se rend compte que d’autres pays en prennent davantage, et de plus importantes. Si l’on ajoute à cela la complexité du paysage des soins de santé en Belgique et l’incertitude qui en découle pour les entreprises, une chose est sûre : l’innovation risque de parvenir aux patients et aux prestataires de soins plus lentement qu’ailleurs.

3 versus 18

Prenez la France.

La procédure accélérée mise en place par nos voisins du sud en matière de technologies médicales numériques s’étale sur 3 mois. Autrement dit, une entreprise qui introduit une demande sait après 3 mois si elle bénéficiera ou non d’un financement temporaire pour une application.

À titre de comparaison : le délai est de 18 mois chez nous. Et oui, on parle bien de la nouvelle procédure améliorée…

Ce très long délai plonge les entrepreneurs et les entreprises dans l’incertitude. Qui plus est, les start-up et les scale-up n’ont bien souvent pas les moyens d’introduire une demande de remboursement (temporaire) dans différents pays.

Vaut-il la peine d'introduire une demande en Belgique ? De plus en plus d'entreprises se posent la question...

Elles se trouvent alors face à un dilemme : introduire coûte que coûte un dossier en Belgique ou se concentrer sur d’autres pays… Et ne vous y trompez pas, de plus en plus de start-ups et de scale-ups belges se posent la question.

On peut (encore) rectifier le tir

Point positif : de nombreux pays ne mènent que depuis peu une politique active en matière de technologies médicales numériques. Nous sommes, en d’autres termes, au début du parcours, ce qui laisse la porte ouverte aux ajustements.

Mais le temps presse.

Le discours est presque unanime sur la scène internationale : nous avons besoin des digital medtechs pour garantir des soins de qualité et centrés sur le patient, pour soulager la pression exercée sur nos systèmes de santé et pour faire des progrès en matière de prévention.

Choix stratégiques

De nombreux pays font donc le choix stratégique de placer les technologies médicales numériques en tête de liste de leurs priorités politiques, ce qui se traduit notamment par des procédures d’évaluation et de mise en œuvre rapides et des budgets supplémentaires.

Imaginez que votre entreprise souhaite lancer une nouvelle technologie médicale numérique. Quel(s) pays allez-vous cibler en premier ? Exact…

J’aimerais m’adresser à tous les décideurs politiques de notre pays. Au moment d’élaborer et de déployer une politique en matière de digital medtechs, allez voir ce qui se passe à l’étranger.

Pendant que nous avançons prudemment, d'autres pays se précipitent à pas de géants.

Au rythme actuel, nous avons beau avancer, d’autres nous dépassent. Si nous ne passons pas à la vitesse supérieure, nous verrons apparaître de plus en plus de technologies médicales numériques précieuses dans d’autres pays (y compris des solutions belges), tandis que nos patients et nos prestataires de soins de santé resteront dans l’attente.

« Oui », a priori

En tant qu’entrepreneur et citoyen belge, je plaide en faveur d’une attitude résolument différente à l’égard des digital medtechs.

Y a-t-il de bonnes raisons d’adopter une nouvelle solution de santé (numériques) ? Partons du principe que « oui », puis examinons les moyens d’en faire profiter les patients et les prestataires de soins rapidement et en toute sécurité plutôt que prendre un point de vue négatif qui ne fait qu’entretenir le statu quo, que ce soit notre intention ou non.

Le statu quo menace la viabilité de notre système de santé. Nous avons besoin d’une approche positive et proactive qui encourage l’innovation. Aujourd’hui, pas dans 18 mois.

À propos de l’auteur

Hans Danneels est cofondateur et co-CEO de Byteflies, une entreprise belge qui propose des solutions de surveillance médicale à distance aux hôpitaux et aux patients.

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