« Notre solution comprend deux outils : un pour le patient et un pour l’équipe soignante. Lorsque le médecin prescrit Resilience, le patient reçoit chaque semaine un questionnaire par SMS, par e-mail ou via l’app. Les questions permettent d’évaluer ses symptômes et son ressenti. »
« Le patient reçoit chaque semaine un questionnaire par SMS, par e-mail ou via l’app pour évaluer ses symptômes et son ressenti. »
« Nos algorithmes analysent les réponses et identifient tout risque de complications ou de rechute. En présence d’un risque (dans un tiers des cas), le médecin reçoit une notification. Il peut alors intervenir immédiatement en appelant le patient pour obtenir plus d’informations, programmer une consultation ou, en cas de complications graves, le faire hospitaliser. La notification entraîne souvent un ajustement du traitement, par exemple de la dose d’un médicament. »
Ne plus sacrifier la qualité de vie

Paul-Louis Belletante voit des avantages considérables dans le suivi quasiment permanent. « Dans le cadre d’un traitement traditionnel du cancer, le patient va chez le médecin toutes les quatre semaines. S’il ressent des effets secondaires ou des douleurs entre deux consultations, il doit appeler lui-même son médecin (or, le moment n’est pas toujours opportun) ou attendre la consultation prévue. »
« Au mieux, sa qualité de vie en pâtit pendant plusieurs semaines. Dans le pire des cas, son état de santé s’aggrave. Parfois, il doit se rendre aux urgences, voire être réhospitalisé. »
« Notre questionnaire hebdomadaire permet aux médecins de suivre leurs patients de plus près et de détecter les problèmes plus tôt. L’analyse aide également les patients à mieux gérer les effets secondaires de la maladie ou du traitement. »
Dose intensité relative
Le traitement médicamenteux peut être mieux ajusté dans le cadre d’une chimiothérapie. « La télésurveillance permet d’augmenter ce que l’on appelle la dose intensité relative. Quand le patient est mal en point, on ne lui administre pas la totalité du traitement. On lui administre une dose plus faible jusqu’à ce qu’il supporte mieux le traitement, ou on reporte le traitement. »
« Grâce à la télésurveillance, on peut entamer une chimiothérapie complète avec la dose appropriée chez davantage de patients, car ils sont suivis de près. Leurs chances de guérison augmentent. »
Vidéos et podcasts personnalisés
En plus d’offrir des avantages en termes de santé et de qualité de vie, le système permet de réduire le nombre d’hospitalisations évitables et d’admissions aux urgences, poursuit Paul-Louis Belletante. « La valeur ajoutée pour les professionnels de la santé vient du fait qu’ils suivent l’ensemble de leurs patients, mais qu’ils peuvent consacrer plus de temps à ceux qui ont vraiment besoin de leur attention sur le moment. »
« Les professionnels de la santé peuvent consacrer plus de temps à ceux qui ont vraiment besoin de leur attention sur le moment. »
L’application ne se contente pas de poser des questions sur les symptômes, souligne Paul-Louis Belletante. « Elle fournit des informations personnalisées selon le type de cancer, le traitement et les réponses du patient. Près de 900 vidéos, podcasts et textes sont déjà disponibles pour aider les patients à mieux comprendre leur maladie et leur traitement. Tous sont basés sur des informations cliniques validées. »
« Des programmes de yoga, de méditation et d’exercice adaptés sont également proposés pour réduire le stress et la fatigue engendrés par le traitement du cancer. Notre objectif consiste non seulement à améliorer la santé et la qualité de vie, mais aussi à personnaliser et à humaniser les soins aux patients atteints d’un cancer. »
Pas (encore) d’IA
« Notre solution est un dispositif médical de classe IIA selon l’ancienne classification MDD (Medical Devices Directive, directive européenne relative aux dispositifs médicaux) et nous sommes également certifiés selon la nouvelle classification MDR (Medical Device Regulation, règlement européen relatif aux dispositifs médicaux). Les médecins peuvent prescrire Resilience en France à tout patient atteint d’un cancer, quel que soit le type de cancer ou le traitement, pendant toute la durée du traitement actif. »
« Peu importe que le patient reçoive une chimiothérapie, une immunothérapie, une radiothérapie ou un traitement hormonal. Nous constatons que les médecins continuent de suivre leurs patients après la fin du traitement actif, afin de surveiller les effets à long terme tels que la fatigue, l’anxiété et la douleur. »
« L’application peut s’utiliser dans le cadre de pratiquement tous les traitements : chimiothérapie, immunothérapie, radiothérapie, traitement hormonal… »
Les algorithmes de Resilience sont basés sur des études cliniques internationales. « Nous utilisons actuellement un modèle déterministe », explique Paul-Louis Belletante. « Les mêmes réponses donnent toujours les mêmes résultats. »
« Ce point a joué dans le remboursement en France : le gouvernement n’est pas encore prêt à rembourser une application uniquement basée sur l’IA. L’IA repose sur une approche probabiliste et prédit le meilleur résultat possible, qui peut varier d’un cas à l’autre », explique Paul-Louis Belletante. « Notre modèle n’en est pas statique pour autant : cinq médecins évaluent et ajustent nos algorithmes en permanence. »
Bientôt une adoption plus modeste en Belgique ?
En France, 80 hôpitaux utilisent actuellement Resilience pour suivre plus de 7 000 patients atteints de cancer. En Belgique, trois hôpitaux s’en servent, à savoir l’Institut Jules Bordet (Bruxelles), le CHU Saint-Pierre (Bruxelles) et la Clinique Saint-Luc de Bouge (Namur), pour un total de 500 patients suivis.
Paul-Louis Belletante : « D’autres hôpitaux belges ont manifesté leur intérêt, mais je ne peux pas encore citer de noms. Tout dépendra bien sûr du remboursement éventuel. »
(lisez la suite en-desous l'encadré)
Demande introduite auprès de l'Inami
La solution Resilience est remboursée depuis le 24 novembre 2023 en France. « C’est la première solution de télésurveillance qui permet un suivi à long terme des patients atteints de cancer », explique Paul-Louis Belletante. « Le gouvernement a reconnu son impact positif sur les soins et les économies. La Haute Autorité de Santé a constaté un impact clinique chez les patients atteints d’un cancer avancé ou métastatique. Nos questionnaires et nos algorithmes améliorent la qualité de vie des patients. »
mHealth Belgium
« Nous suivions depuis quelque temps ce qui se passait en Belgique en matière de soins numériques. La solution Resilience a été intégrée à la plateforme mHealthBelgium. Comme le processus a changé, nous avons attendu que la situation se stabilise. Début 2024, nous avons introduit notre dossier auprès de l’INAMI en vue du remboursement de notre solution. »
« L’évaluation prendra sans doute du temps, car nous sommes parmi les tout premiers à avoir soumis ce genre de dossier. J’espère que nous pourrons avancer en Belgique cette année et que la reconnaissance obtenue en France incitera les autorités belges à prendre une décision. »
« En France, nous sommes remboursés au titre de fournisseur de la solution, mais le médecin prescripteur et l’infirmier qui suit les rapports le sont aussi. Ça a tout changé. L’hôpital peut donc employer une personne chargée d’analyser les alertes. »
« En Belgique, la solution sera probablement adoptée à une échelle plus modeste. Elle donne systématiquement de très bons résultats à l’Institut Jules Bordet. Les médecins utilisent déjà Resilience pour de nombreux patients. Et son succès ne fera que croître si un remboursement intervient. »
« Moins d’urgences et d’hospitalisations, moins de médicaments : la télésurveillance permet d’économiser plusieurs milliers d’euros par patient atteint d’un cancer. »
« Nous sommes parvenus à démontrer que Resilience garantissait des économies substantielles par rapport au suivi traditionnel. La solution réduit, en effet, le nombre d’urgences et d’hospitalisations. Le patient doit, en outre, prendre moins de médicaments. Selon les études, la télésurveillance permet d’économiser plusieurs milliers d’euros par patient. »
Toutes les maladies chroniques
« Dans un premier temps, nous souhaitons que notre solution soit utilisée le plus possible dans la pratique médicale, afin qu’elle devienne la norme en France, en Belgique et dans le reste de l’Europe. À plus long terme, nous avons l’ambition d’exploiter les données que nous collectons pour améliorer les processus de soins, les traitements et les médicaments. »
« Notre entreprise dispose de bons moyens financiers, ce qui nous permet de faire les choses correctement. Pour les patients atteints de cancer, mais aussi pour tous les patients qui souffrent d’une maladie chronique. Nous avons récemment racheté une entreprise, GutyCare, spécialisée dans les maladies inflammatoires chroniques du système digestif, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Nous suivons actuellement plus de 300 patients et nous préparons un dossier pour le remboursement. »
Questionnaire facile à remplir
La qualité du suivi dépend des réponses fournies par le patient. Quid s’il n’est pas capable de répondre au questionnaire ? « L’aidant proche ou toute autre personne peut le remplir à sa place », explique Paul-Louis Belletante. « Mais nous avons conçu une interface si conviviale qu’elle est à la portée de pratiquement tout le monde. »
« Le questionnaire comporte toujours 12 à 18 questions, auxquelles on peut répondre rapidement et facilement. Les patients atteints de cancer ont déjà suffisamment de soucis, nous ne voulons pas leur compliquer davantage la vie. Il n’y a que dans le cas de personnes âgées ou de patients en soins palliatifs que l’entourage doit apporter son aide. »
Après six mois de traitement, plus de 85 % des patients répondent encore aux questions chaque semaine. « Ce chiffre en dit long sur l’expérience du patient », se félicite Paul-Louis Belletante.
